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Le blog de Calant42
5 mai 2019

Furiani, le drame du football français

Heysel 1985, Hillsbrough 1989. On n'imaginait pas qu'un jour un drame arriverait un jour dans un stade en France, et pourtant, le 5 mai 1992, la France du Football tombe dans l'horreur. Retour, presque 27 ans après, a Furiani.

Coupe de France 1991-1992

Source: Externe

Avant de revenir sur le drame en lui même, retour sur le parcours des 2 équipes avant cette 1/2 finale. Marseille n'a pas tellement souffert pour se qualifier, sortant 3 clubs de D2, Bordeaux Istres et Valenciennes, avant d'aller se qualifier a Caen 3-1.

Bastia a eu aussi 3 premiers matchs faciles, s'offrant Annecy alors en D2 3-0, Thonon club de D4 2-0 puis Fesches-le-Chateau (DH) 1-0. C'est en 1/8e de finale que commence l'épopée bastiaise, les corses éliminant a domicile Toulouse 1-0. Et puis c'est Nancy qui se présente a Furiani en 1/4 de finale. Nancy souffre en D1, et le club d'Olivier Rouyer espère aller plus loin en Coupe histoire de sauver un peu sa saison.

En ce 22 avril 1992 Furiani est plein, et a du (déjà) subir des travaux d'agrandissement. En effet pour accueillir plus de supporters, les dirigeants du SC Bastia confie à la société Sud Tribune le soin d'installer une tribune métallique sur l'emplacement de la vieille tribune ouest, portant ainsi sa capacité d'accueil au nombre de 2 500 places. Au total plus de 8 000 spectateurs assistèrent a la qualification du Sporting au tirs aux buts.

Le lendemain a la fin du journal de 20h de TF1, Patrick Poivre d'Arvor effectue le tirage au sort des 1/2 finales. Les corses voulaient a nouveau évoluer a Furiani, ils vont être servi. Car non seulement Bastia jouera a nouveau a Furiani, mais recevront en plus l'une des meilleurs formations européennes, l'Olympique de Marseille. L'autre 1/2 finale opposera 2 autres clubs du Sud-Est de la France, Cannes recevant Monaco. Cette dernière demi finale fut avancé au 28 avril puisque l'ASM disputera le 6 mai (soit le lendemain de la date prévu pour ses 1/2 finale) la finale de la C2 contre le Werder Breme. En l'emportant aux tirs aux buts Monaco se qualifie pour la finale, le 9 mai au Parc des Princes.

La demi finale

Source: Externe

 

Recevoir l'OM, pour le Sporting c'est une belle occasion de mettre le feu. Seulement la capacité de Furiani est de 9 000 places. Largement insuffisant. Le président bastiais Jean-Francois Filippi a alors une idée. Construire comme contre Nancy une nouvelle tribune, mais beaucoup plus conséquente. La petite tribune Claude Papi (750 places) sera rasé pour laisser place a une nouvelle tribune de près de 10 000 places. Mais très rapidement une énorme contrainte temporelle. En effet le tirage au sort a été effectué le 23 avril, et la demi finale se déroulé le 5 mai, soit 12 jours. Mission Impossible.... sauf pour les dirigeants bastiais. Des la nuit du 24 avril la petite tribune est rasé, et tout ceci sans la moindre autorisation.

Des le lendemain des contacts sont noués avec 2 sociétés de construction, une bordelaise et une nicoise. Pour les 1ers les travaux sont "irréalisables en ci peu de temps", en revanche la société Sud Tribune aura moins de scrupules, et commence les travaux le Mardi 28 Avril, soit une semaine a peine avant le jour de la 1/2 finale. Les contraintes de temps sont donc quasi insurmontables, et pourtant...

« Ils l'ont fait ! le pari fou des dirigeants » titre Jean-Richard Graziani dans le bulletin édité pour la demi-finale le 5 mai, alors que dans le même temps Bastia, Furiani et toute la Corse sont en liesse à quelques heures du coup d'envoi. Dans une ambiance de fête explosive, en ville comme aux abords du stade, tous n'ont qu'une idée en tête : Bastia va faire tomber le géant Marseillais, Bastia prend dors et déjà la direction du Parc des Princes pour la finale.

Mais a 16h alors que les premiers supporters s'amasent dans Furiani, les travaux ne sont toujours pas finis !!! Les derniers détails sont finalisé pendant que la commission de sécurité se réunit.

Retour chronologique jusqu'a 20h20:

Source: Externe

18h30: Furiani est comble, les 18 000 spectateurs ont pris place, la moitié dans la tribune provisoire

19h: Premières inquiétudes, notamment de la part des journalistes, placés au sommet de la tribune. Avi Assouli, mythique commentateur des matchs de l'OM sur Radio France, déclare a l'antenne:  «  Je suis tout en haut sur les tribunes du stade de Furiani, au milieu des supporters. Je distingue à peine les joueurs. Ça bouge, on se croirait sur un bateau. Chers auditeurs, j'espère être là à la fin du match  » Quand a Thierry Roland, il declare a son arrivée sur les lieux: "Mais c'est pas une tribune ça, c'est un échafaudage !"  Initialement il était prévu que Thierry Roland et Jean-Michel Larqué soit placés au sommet de cette tribune, au milieu des autres journalistes, ils seront finalement placés plus bas de la tribune... une chance pour eux

20h:  les joueurs du SCB et de l'OM pénètrent sur la pelouse pour s'échauffer sous des tonnes d'applaudissements. Sous la tribune, des techniciens s'affairent à resserrer des vices et boulons... certains supporters sont effarés, constatant que des planches et des supports de la tribune menacent de tomber. «  C'est vraiment la panique  » déclare un supporter interrogé alors qu'il passe sous la tribune.

20h15: L'inquietude grandit, la tribune devient de plus en plus instable, a tel point que le speaker du stade, Jean-Pierre Paoli, est obligé d'intervenir: « Ne tapez plus des pieds sur la partie en fer de la tribune !»

20h20: Le journal de TF1 se termine, Patrick Povre d'Arvor s'apprete a donner l'antenne aux 2 commentateurs, quand soudain....

Source: Externe

Les inquiétudes étaient donc fondés, la partie haute de la tribune Nord, qui ne reposait que sur des parpaings ou des planches de bois sans fixation au sol, se détache de la partie inférieure et s’effondre. Plus de 2 000 personnes sont projetées dans le vide. Une chute de 20 mètres de haut. Un assourdissant bruit de ferraille. Puis le silence. Et enfin, les cris horrifiés.

Le drame, l'horreur et la stupéfaction des milliers de spectateurs présents à Furiani sont retranscrits en direct à la télévision. Les hurlements, les plaintes des centaines de spectateurs juchés sur la tribune réduite à l'état de tubes métalliques et de tôles froissées, pliées, résonnent sur la pelouse de Furiani. Les images sont insoutenables. Les corps allongés sur le sol montrent à des millions de téléspectateurs l'ampleur du drame que vit Furiani a ce moment la.

La pelouse devient un hôpital improvisé. Les survivants profitent de la présence des caméras de télévision pour rassurer leurs familles. Beaucoup errent sur le terrain, hagards, assommés. À 21h30, les premiers hélicoptères de la Sécurité Civile atterrissent à Furiani. Des avions sont affrétés depuis Anvers ou Orléans. Les hôpitaux corses étant saturés, l’aéroport de Poretta accueille les blessés en attente de transfert vers le continent. La France est en état de choc. Le bilan s’alourdit de minute en minute, de jour en jour. Au final, 18 personnes périrent à Furiani, auxquelles il faut ajouter 2 357 blessés.

Lendemains de drame

Source: Externe

L'horreur est dans toutes les têtes en ce matin du 6 mai.

François Mitterrand, en visite à l’hôpital de Bastia, déclare que « la France est solidaire ». La Fédération française de football, pointée du doigt, cherche elle à se dédouaner de toute responsabilité, par la voix de son président Jean Fournet-Fayard : « La Fédération avait pris toutes les précautions nécessaires pour s’assurer la solidité des installations à Bastia. Tout devait bien se passer. » Noël Le Graët, président de la Ligue, parle lui « d’un malheureux accident. »

Des réactions qui provoquent la colère de Jean-Michel Larqué, présent à Furiani pour TF1. « Je suis écœuré, dégoûté, affirme-t-il dans les jours qui suivirent la catastrophe. Il y a une dérive incontrôlée du monde du football. Quand Le Graët dit que c’est un accident malheureux, je dis non, c’est un accident scandaleux. C’est une accumulation d’erreurs. C’est une ambiance générale qui fait que le football vit dans une ambiance de drame. » Les critiques pleuvent sur les instances du football français. Certains, comme François de Montvalon, journaliste à France Football, réclament la démission de Jean Fournet-Fayard : « Alors ? Alors il reste à Jean Fournet-Fayard une décision à prendre. Doucement. Ou dans un dernier bruissement. »

Un procès bafoué
http://static.foot01.com/img/images/650x600/2011/Dec/09/le-5-mai-sera-une-journee-en-souvenir-du-drame-de-furiani-iconsport_mur_050592_01_04,28373.jpg

Un drame de ce genre implique des responsabilités multiples. Une instruction judiciaire est ouverte le 8 mai pour les déterminer. Plusieurs acteurs sont visés : la société Sud Tribune), la mairie de Furiani, les dirigeants corses, les instances du football français…

Le rapport de la commission d’enquête est accablant. Il relève des « manquements graves aux règles de l’art de la part de l’installateur, la société Sud Tribune ». L’ouvrage métallique n’aurait été en outre reconstitué qu’à partir de « quelques croquis à main levée établis par le chef de chantier, [...] une faute professionnelle encore plus grave s’agissant d’une construction recevant du public ». Comme constaté le jour du match, « les conditions d’appui des éléments verticaux [étaient] disparates » : « Un tel effondrement global d’un ouvrage d’une emprise au sol aussi importante est révélatrice d’une insuffisance de la structure d’ensemble. »

Les dirigeants bastiais et du football corses sont également montrés du doigt pour leurs négligences en termes de sécurité : « La responsabilité du mouvement sportif est donc engagée dans la catastrophe de Furiani », affirme le rapport. Pour les enquêteurs, la majoration des prix par le SCB est en outre révélatrice d’une volonté de réaliser une opération financière. La conclusion du rapport est catégorique : « Le soir du 5 mai, il n’y a pas eu de fatalité. »

Dix-huit personnes furent inculpées après le drame, la plupart pour homicides, coups et blessures involontaires. Sur le banc des accusés, on retrouvait notamment le président du Sporting Jean-François Filippi et le président de la FFF Jean Fournet-Fayard. Ce dernier bénéficia au final d’un non-lieu, comme quatre autres inculpés. Huit accusés bénéficièrent d’une relaxe. Pour les autres, les peines furent au maximum de deux ans d’emprisonnement. Au grand dam du Collectif des victimes de la catastrophe, pour qui ce jugement « confirme ainsi la volonté politique qui semble prévaloir dans cette affaire de na pas mettre en cause les responsabilités de la puissance publique dans le drame du 5 mai 1992 ». Pour sa présidente, Vanina Giudicelli, c’était même « une insulte aux familles, aux victimes et au peuple marqué dans sa chair ».

Le procès s’est tenu dans un contexte très particulier : quelques jours avant l’ouverture du procès, le 26 décembre 1994, Jean-François Filippi était assassiné devant chez lui. Un lien ne pouvant être établi avec le drame de Furiani, il a été décidé que le procès devait se tenir malgré tout.

Et maintenant ???

http://www.corsematin.com/media_corsematin/imagecache/article-taille-normale-nm/image/protec/2012/01/18/15681845.jpg

Au moment du drame la promesse de ne plus rejouer au foot le 5 mai a été faite, par devoir de mémoire envers les victimes. Cette promesse a été vite oublié par la suite:

1995: match Nantes-Monaco 
1998: journée de D2
1999: journée de D1, dont un ol-bastia
2000: journée de D1 avancé au 4 mai, journée de D2 programmée
2001: finale de la Coupe de la Ligue Lyon-Monaco
2006: journée de L2, dont un Montpellier-Bastia
2007: journée de L1
2008: match Boulogne-Grenoble
2010: journée de L1, marqué par le sacre de l'OM
2012: finale de Coupe de France initialement prévue, puis journée de L1 décalé au 6 et 7 mai
2013: 3 matchs de L1 décalé, OM-Bastia lui sera fixé au 4 mai
2017: Journée de L2, match PSG-Bastia initialement décalé au vendredi 5 mai se jouera le 6, derby AC Ajaccio-Gazelec décalé au lundi
2018: matchs de L1 décalés au dimanche
2019: 5 matchs de L1

L'éternel débat sur le fait de jouer ou pas ce jour la revient régulièrement en place publique, le collectif du 5 mai réclame lui une "journée de deuil footballistique", idée soutenue par de nombreuses personnes

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