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Le blog de Calant42
5 octobre 2016

Automne 1993: L'Amérique, je veux la voir, mais je l'ai raté

Vendredi soir l'Équipe de France pour son 2e match qualificatif des éliminatoires pour le Mondial russe 2018 sera opposé à la Bulgarie. Adversaire habituel des bleus en éliminatoires durant les années 60-70, les deux équipes ne s'étaient plus affronté sur le sol français depuis un funeste soir de Novembre 1993, point d'orgue d'un automne où l'Equipe de France a réussi de manière incroyable a rater le Mondial 1994 aux États-Unis. Retour sur cette fin d'année 1993 et sur ces deux matchs rentrés dans l'histoire du football français, France-Israël et France-Bulgarie.

Avant Israël, « Amérique nous voilà »

Source: Externe


Dans quelle situation est l'Équipe de France à l'automne 1993. Après un Euro 1992 complètement raté, ou les bleus favoris du tournoi sont éliminés dès le 1er tour en ne gagnant aucun match, 2 nuls contre la Suède pays hôte et l'Angleterre, avant de perdre contre les "vacanciers" danois lors du dernier match du groupe. Cet échec entraînera le départ du sélectionneur Michel Platini remplacé par son adjoint Gérard Houiller. Platini ira de son coté s'occuper de l'organisation du Mondial 1998 que la France vient de décrocher.

Dans ces éliminatoires la France est tombé dans un groupe composé de la Suède, de la Bulgarie, de l’Autriche de la Finlande et d’Israël. Après une défaite inaugural chez les bulgares, les bleus enchaînent les matchs sans défaite, et a 2 matchs de la fin, les bleus devancent la Suède d’un point et la Bulgarie de 3 points. Il ne manque donc aux français qu'une victoire face à Israël, dernier du groupe, ou un nul contre les bulgares pour que les bleus soient présent au Mondial 1994 aux États-Unis. Autant dire qu'au vu de la faiblesse israëlienne c'est dans la poche, les bleus sauf improbable accident retrouveront la Coupe du Monde (après avoir manqué celle de 1990 en Italie), il faut dire que depuis la défaite en ouverture en Bulgarie la France fonce dans ce groupe à la vitesse d'un lièvre, mais en oubliant qu'a la fin de la fable, c'est la tortue qui gagne...


France-Israël : ou comment se tirer une balle dans le pied.

Source: Externe

L’Israël en 1993, ça n’est pas l’Israël de 2016. Placé dans la zone « Océanie » pour des raisons politiques jusque-là, Israël se retrouvent en 1994 dans la zone Europe. Après 8 journées les israëliens sont derniers du groupe avec seulement 2 points pris en 8 matchs, en Bulgarie et en Finlande, et le match aller entre Israël et la France s'est soldé par un large succès 4-0 des tricolores. La confiance est donc de mise côté français, L’Equipe titre « Amérique nous voilà » et « La Terre Promise », la sono du Parc des Princes balancent « L’Amérique » de Joe Dassin en boucle. Bref c’est plus la fête qu’un match de football, prendre 1 point contre Israël est une formalité, et on va pouvoir commencer la préparation du Mondial 1994.

Pour essayer d'intégrer le prometteur Ginola, qui régale le Parc des Princes, Houiller décide d'abandonner son habituel 4-4-2 pour un 4-3-3:


Lama

Desailly-Blanc-Roche-Petit

Deschamps-Le Guen-Sauzée

Cantona-Papin-Ginola


Les 20 premières minutes sont françaises, les bleus dominent la rencontre et pourtant, a la surprise générale, c’est Israel qui ouvre le score grâce a Harazi, sur un centre de Rozhental, qui fait a l'époque le bonheur des Reds de Liverpool. 1-0. Les bleus sont sonnés, mais vont réagir, Sauzée puis Ginola vont donner l’avantage aux bleus. 2-1 a la mi-temps, dans 45 minutes les bleus seront aux USA.

En deuxième mi-temps la France domine largement la rencontre, mais Papin Cantona et les autres vont a plusieurs reprises rater le break. Et dans les 10 dernières minutes Israel va profiter de la maladresse tricolore ! A la 83e, Berkovitch égalise, malgré une magnifique intervention de Desailly. 2-2, les bleus ne sont plus qualifiés pour le Mondial, et comme ce malheur ne suffisait pas, dans la dernière minute du temps réglementaire, Rozhental centre pour Atar qui fusille Lama sous la barre. L’impensable s’est donc produit, le score a l'issue de ce match est clair:

http://irofoot.s3.amazonaws.com/images/photos/article/france_israel.PNG

La France n'avait plus encaissé 3 buts dans une rencontre officielle depuis... 1982, et la finale pour la 3e place disputé contre la Pologne. Mais surtout, les bleus qui avaient leur destin entre leurs crampons avec un adversaire plus qu'abordable (sur le papier...) vont devoir disputé un match couperet contre la Bulgarie, seule équipe à avoir battu les bleus dans ces éliminatoires...

France-Bulgarie : a 10 secondes.

Source: Externe



Après l’impensable fiasco israélien, les bleus peuvent encore se qualifier. Il suffit aux français de faire au pire match nul contre la Bulgarie, qui avaient battu la France 2-0 a Sofia 1 ans auparavant. Le 4-3-3 n’a pas convaincu Houiller, qui repasse au 4-4-2,et c'est Ginola qui en fait les frais au profit de Raynald Pedros. Dans les coulisses, l’avant match des Bleus est tendu, sur fond de "guéguerre" interne entre parisiens et marseillais. Ginola, le mal-aimé, exprime son mal-être et son incompréhension de ne pas jouer:

"Je n'apparais dans aucune des équipes probables contre la Bulgarie, et cela me désole, confiait Ginola. Il y a des choses que je ne comprends pas. Que tu ne joues pas quand tu as été mauvais d'accord. Mais qu'on ne te reprenne pas lorsque tu as été plutôt bon (un but, une passe décisive), alors là...?" "A Tel Aviv, lorsque nous avions gagné, a-t-il poursuivi, on disait que je jouais milieu de terrain. Au Parc, nous perdons et on déclare que je suis un troisième attaquant...Après on peut expliquer que l'équipe de France ne gagne pas lorsqu'elle pratique le 4-3-3. Et je suppose que cette fois, on reviendra à un schéma plus classique (4-4-2). Sans moi."

Dès l’entame, cette atmosphère particulière se ressentit sur le terrain. Les deux équipes étaient tendues, crispées. Elles peinaient à se libérer. Les chocs étaient âpres, l’engagement important, le jeu haché. Les Bulgares s’en sortaient toutefois mieux, à la faveur d’une circulation de balle fluidifiée par la technique de Balakov. Les permutations du trio offensif gênaient la défense bleue, qui restait néanmoins solide devant le jeu direct de leurs adversaires. Le début de match était fermé, seulement égayé par l’apparition impromptue d’un coq sur la pelouse du Parc des Princes. La première demi-heure fut plutôt dominé par les bulgares, mais la délivrance sera pour les bleus, grâce a Cantona, servi par Papin, 1-0.

http://www.sport24.com/var/plain_site/storage/images/football/diaporamas/la-carriere-d-eric-cantona-en-images/cantona-france-bulgarie/7626399-1-fre-FR/Cantona-France-Bulgarie_full_diapos_large.jpg

Ce but va, curieusement, crispé les français, et les bulgares vont rapidement en profiter, grâce a leur duo Stoickhov Kostadinov, le premier servant le 2e. 1-1 La France est toujours qualifié, mais les bleus vont complètement déjoué !! A l’image notamment de Papin, qui réalisera ce soir la son plus mauvais match en Equipe de France. Il sortira sur « des crampes », remplacé par Ginola a la 67e. Les bulgares tentent le tout pour le tout, mais Lama, dans un grand soir, préserve la qualif jusqu’au bout. Et puis arrive la 90e minute. Nous avons tous vu au moins une fois cet action. Alors plutôt que de raconter cette funeste action, regardons-la :



La terrible contre-attaque sera conclut par Kostadinov, plongeant le Parc des Princes dans un silence ahurissant. Les bulgares s’imposent 2-1. La France a donc réussi a se faire éliminer, alors qu’une victoire contre Israel ou un point contre la Bulgarie suffisaient au bonheur tricolore. Par 2 fois, les bleus encaissent le but fatal dans les dernières secondes.

Les conséquences de cette catastrophe.

Source: Externe


Cette élimination improbable va faire des dégâts dans le foot français. Première victime : le sélectionneur. Les bons résultats en éliminatoires avaient occulté les critiques envers Houiller. S'appuyant essentiellement sur un jeu physique, rugueux, défensif mais peu inventif et peu porté vers l'attaque ce type de jeu, mis en place par Houiller marchait bien contre les petites équipes mais n'était plus très utile dès lors qu'il y avait en face un adversaire supérieur techniquement.  Ses choix tactiques étranges comme le fait d'avoir joué de façon si défensive contre Israël et la Bulgarie, la mise au banc de joueurs techniques comme Djorkaeff, Ginola, Martins, ou Zidane (qui connaîtra sa 1ère sélection quelques mois plus tard, en août 1994), le fait de reposer tout le jeu de l'équipe sur ces deux attaquants Papin et Cantona, furent présentés comme ce qui avait coûté la qualification.

Deuxième victime : le président de la FFF. Cette improbable élimination coûta la tète de Jean Fournet-Fayard, même si ce fut plutôt la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Le successeur de Fernand Sastre fut très critiqué pour plusieurs choses : une gestion financière calamiteuse, un rejet de sa responsabilité lors de la catastrophe de Furiani, ou bien encore l’affaire VA-OM.
En résumé, au soir de l'élimination, le chantier Equipe de France allait être difficile, mission que va parfaitement relever Aime Jacquet:

 

Source: Externe


Dernière anecdote, les 2 qualifiés du groupe de la France, la Suede et la Bulgarie, s’affronteront pour la petite finale du Mondial américain (4-0 pour la Suede), les bulgares s’offrant même le luxe de battre les 2 derniers champions du monde, l’Argentine en poule, et l’Allemagne en ¼ de finale

Source: Externe

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